– Vous avez été élu au Conseil de la FIFA le jeudi 1er octobre 2016. Quels sont vos sentiments par rapport à cette distinction ?
Kabélé CAMARA: Je ne cesserai jamais de le dire, c’est un réel sentiment de satisfaction pour moi et pour le peuple de Guinée. Comme vous le savez notre pays est compté parmi les grandes nations de football du continent africain. Qu’un Guinéen puisse arriver à ce stade de responsabilité, ce n’est qu’une légitime satisfaction pour moi. Quand je regarde mon parcours de dirigeant sportif, j’ai commencé par le sous-district, les districts de football, passant par la ligue de football de Conakry, pour aboutir à la Fédération Guinéenne de Football et y occuper le poste de vice-président. En 1990 déjà, j’ai commencé à travailler dans la Commission d’organisation des compétitions de la CAF avant d’être élu en 2006 au comité exécutif, puis devenir vice-président en 2011 de la même institution. Alors, aujourd’hui appartenir au cercle des conseillers de la plus grande structure du football mondial, vous comprendrez que c’est une grande satisfaction non seulement pour moi, mais également pour tous ceux avec lesquels, j’ai pu faire un long chemin depuis 1972.
– Quel est le rôle des conseillers au sein de la FIFA ?
Kabélé CAMARA: suite aux reformes intervenues au niveau de la FIFA, le comité exécutif prend maintenant la dénomination de Conseil dans lequel, vous avez tous les représentants des confédérations à savoir, la CAF pour l’Afrique, UEFA en Europe, la COMEBOOL pour l’Amérique du Sud, la CONCACAF en Amérique centrale et du Nord, l’AFC pour l’Asie et l’OFC pour l’Océanie. Toutes ces confédérations sont représentées dans une vingtaine de commissions qui se retrouvent pour travailler. Leurs résultats sont ensuite soumis au comité exécutif appelé Conseil de la FIFA, pour l’exécution.
Beaucoup de choses qui nous interpellent. La FIFA, c’est le niveau mondial, on nous appelle les membres africains. C’est pour dire que nous sommes les représentants du continent africain et que nous devons défendre les intérêts du football de notre continent. Faire en sorte que la FIFA puisse aider de façon continuelle et efficace, le football africain dans son développement continu. C’est là notre mission principale et nous allons le faire en toute impartialité pour que nos compatriotes puissent être fiers de nous. Il y’a les quotas qui doivent être payés par ces différentes confédérations et qui deviennent une source pour faire fonctionner la FIFA.
– Quel regard portez-vous aujourd’hui sur le football guinéen ?
Kabélé CAMARA: vous savez la paix, est un facteur de développement. Avec l’unité, tout est possible. Mais dans la division, vous ne pouvez pas atteindre vos objectifs. J’ai toujours conseillé les dirigeants actuels du football guinéen, qui sont mes jeunes frères. Ils sont mes petits-frères non seulement par rapport à l’âge, mais aussi du point de vue de la pratique de la responsabilité. Ce que j’ai toujours dit aux membres de la Fédération Guinéenne, c’est de rester unis. On a un dénominateur commun. Quand on vient à la fédération, c’est pour le développement du football, on vient pour la promotion de football. Aujourd’hui, je suis très heureux de constater que ce vœu que j’ai toujours formulé, est en train de se réaliser. Nous avons surmonté une crise qui pouvait coûter cher à notre pays. Mais heureusement par la contribution du gouvernement, mais aussi celles de la CAF et de la FIFA, nous avons pu gérer cette crise en mettant en place un comité de normalisation dont la mission principale, est le toilettage des textes pour les mettre aux normes de la FIFA et de la CAF et organiser les élections au plus tard au mois de février 2017. Donc aujourd’hui, moi je suis heureux.
Nous avons raté un premier objectif principal, c’était notre qualification à la Coupe d’Afrique des Nations Gabon 2017. Mais qu’à cela ne tienne, le football guinéen est encore replacé sur orbite puisque l’avenir, vous savez bien que c’est la jeunesse. Les plus jeunes sont en train de faire la démonstration que notre football n’est pas encore mort. Au contraire qu’il se porte bien, puisque les cadets et les juniors, viennent de se qualifier pour la phase finale des CAN de leur catégorie. Et retenez bien que ces compétitions, débouchent sur la Coupe du monde de catégorie . Et ainsi, nous comprendrons que la relève est en passe d’être assurée. N’oubliez pas que notre pays va abriter la Coupe d’Afrique 2023. Si mon calcul est bon, les jeunes qui sont aujourd’hui dans les moins de 17 et moins de 20 ans, devraient former l’ossature de l’équipe qui va défendre nos couleurs en 2023.
– Un mot sur la LGFP, dernière née des institutions du football en Guinée ?
Je félicite le comité de normalisation de la FeguiFoot, à travers sa collaboration étroite avec la Ligue Guinéenne de Football Professionnel qui travaille de façon impeccable. Je n’ai pas encore entendu parler de forfait au niveau des compétitions nationales. Il n’y a pas d’incidents majeurs dans les rencontres. Notre public aussi est à féliciter, parce que le fair play – qui est même le socle dans la vie du football – commence à être intégré de façon harmonieuse par les supporters dans les stades guinéens. Jamais quand les rencontres internationales se jouent en Guinée, que se soit celles de la CAF ou de la FIFA, on ne parle de problèmes. Donc c’est un honneur pour tous les Guinéens.
– Des voix s’élèvent sur la proposition de statuts révisés, qu’est ce que vous répondez à ces personnes ?
Vous savez, je suis tout à fait au dessus de la mêlée. Je suis vice-président de la CAF et aussi membre du Conseil de la FIFA. C’est donc une question sur laquelle je ne peux pas me prononcer. En football, vous avez deux acteurs majeurs. Ce sont les 22 protagonistes. Ils peuvent avoir le ballon et le terrain. Mais sans un arbitre, ils ne peuvent pas jouer. La CAF et la FIFA sont les arbitres. Ces deux instances dirigeantes ont envoyé un statut standard à toutes les fédérations africaines, par ce que je parle maintenant de l’Afrique mais au niveau du monde également. Ce sont les mêmes experts qui viennent ici et qui passent partout. Donc la Guinée n’est pas en marge du monde. Nous sommes dans le monde et dans la FIFA. Je crois que la compréhension finira par l’emporter sur les passions pour le bénéfice de notre football. Quand on adhère à une institution internationale, il faut aussi adhérer à ses principes et à ses règlements.