- Pourquoi quitter le club, après seulement sept mois ?
J’avoue que c’est une décision qui n’a pas été facile à prendre, parce que je me plaisais bien ici, à Conakry. J’étais placé dans des conditions de travail exceptionnelles assurées par le président SOUARE. Ça a été une décision assez longuement réfléchie. La raison principale est surtout familiale, puisqu’en sept mois je n’ai pu voir mon épouse et ma petite fille (Lana 7 ans) que durant une dizaine de jours. Et ça, ce n’est pas beaucoup. C’est donc pour me rapprocher un tout petit peu de la famille que je quitte la Guinée.
- Quels souvenirs particuliers garderez-vous du HAC ?
Beaucoup de bons souvenirs ! Ce qui m’a importé le plus c’est d’avoir rencontré des personnes exceptionnelles. Je veux parler des dirigeants, des joueurs et des supporteurs. Il y a aussi l’engouement autour du club, surtout les conditions de travail dans lesquelles on m’a mis. Des conditions de travail exceptionnelles en Afrique. J’ai fait quelques clubs en Afrique, notamment au Maghreb. Mais trouver ce genre de conditions là-bas c’est rare. J’espère que j’aurais l’occasion de revenir travailler en Guinée. Ça a été un vrai plaisir de travailler pour le HAC et pour Monsieur SOUARE. J’en profite pour le remercier, parce que c’est quelqu’un qui, sans démagogie, oeuvre beaucoup pour le football guinéen.
- Comment les joueurs ont-ils réagi en apprenant votre départ ?
C’est un peu compliqué de répondre à leur place, mais je pense que globalement ça a été une déception. J’estime qu’on a fait un travail assez intéressant, ils ont progressé, ils ont vu de nouvelles méthodes, ils ont été très appliqués et sérieux. Ce n’est qu’une première étape, maintenant la seconde étape, c’est de confirmer tout ce qu’on a pu mettre en place, et de le poursuivre. J’espère que ce qu’on a semé continuera à pousser, et ça c’est important parce qu’il y a beaucoup de qualités au niveau des joueurs. Il y a tout un plan de formation à mettre en place, donc c’est important de continuer sur cette base de travail.
- Vous aviez une bonne entente avec le staff ?
Ça été un réel plaisir de travailler avec le coach ZVUNKA, et le coach LAPPE à qui je fais un petit coucou. On avait fait un travail préparatoire ensemble, malheureusement il y a eu ce match perdu contre Kaloum en Super Coupe, qui lui a été fatal. C’est quelqu’un que je respecte énormément, et j’étais content du parcours qu’il a réalisé lors du CHAN. Ensuite, quand le coach ZVUNKA est arrivé, après trois journées où j’avais assuré l’intérim, il était clair dans mon esprit que je devais être là pour le seconder. Il y a eu une complicité très rapide. Il m’a fait confiance, et moi aussi j’ai fait en sorte de justifier cette confiance. Qu’il se sente à l’aise sur le terrain ou en dehors du terrain, donc ça s’est très bien passé. On a travaillé en symbiose, j’étais là à ses ordres. Je n’ai jamais triché, j’ai toujours été là pour que l’équipe puisse avancer. A travers des coaches comme ZVUNKA, Benito FLORIO, Philipe TROUSSIER, et d’autres j’ai beaucoup appris. Je pense également au reste du staff, qui a suivi le rythme de travail. Chacun se sentait impliqué dans ce qui devait être fait pour le club. Ça a donc été un grand plaisir d’avoir travaillé au HAC avec tout ce beau monde.
« Zesco n’était pas une petite équipe »
- Vous vous souvenez encore de votre premier match comme coach intérimaire?
Bien sûr ! J’ai assuré l’intérim durant trois matchs, malheureusement le premier on l’a perdu (1-0, contre Soumba). Les deux autres on les a gagnés. Le match contre Soumba était un match piège, parce qu’il y avait eu cette défaite aux penaltys contre Kaloum (5-3 tab en Super Coupe) suite à laquelle le moral n’était au mieux. On avait travaillé pour faire un bon match là-bas. Mais, c’est toujours difficile de jouer sur des terrains comme ceux de Dubréka. J’en garde bien sûr un mauvais souvenir, mais globalement ça a été un premier pas plutôt positif, puisque derrière on avait enchaîné deux victoires.
- Quel est le match qui vous a le plus marqué, en Ligue 1 ou en LDC ?
Les derbys contre Kaloum, Hafia, et ces fameux matchs de la Champions Ligue contre l’AS Douanes où on les avait malmenés (4-0 au retour). Le match contre Zesco United restera une de mes grandes déceptions. Malheureusement, il nous a manqué ce petit but qu’on aurait pu marquer, mais on n’a pas su le faire (2-0 au retour). Donc, ça été une très grande déception. J’ai été très triste de ne pas pouvoir passer ce tour et atteindre les phases de poules. Mais, on a vu ensuite que Zesco n’était pas une petite équipe, puisque le club zambien s’est qualifié en battant Al Ahly, le plus grand club africain de ces quarante dernières années.
Ça été un accident pour nous cette défaite à l’aller en Zambie (4-1), mais au finish c’est une équipe qui a fait parler d’elle en se qualifiant pour les demi-finales. Mais, on n’a pas à rougir, parce qu’on est sur une pente ascendante. Si Dieu nous permet d’être champion cette saison, il faudra aller chercher ce dernier tour qualificatif, et entrer dans les phases finales parce que le club en est capable. Il y a peut-être de petites choses à améliorer, mais on en est capable.
« Il faut plus d’internationaux à Horoya »
- Qu’est-ce qui reste à corriger pour figurer parmi les huit meilleures équipes d’Afrique ?
Le HAC est un club assez jeune par rapport à d’autres tels que l’Espérance de Tunis, Al Ahly ou le TP Mazembe qui ont été créés des années plus tôt. Ce sont des clubs qui totalisent plus de Coupes d’Afrique, et qui ont plus d’expérience. Je pense que la première étape sera de dominer le championnat de façon permanente. Pour avoir fait une recherche sur les clubs qui arrivent très souvent en huitièmes de finale, ce sont des clubs qui alignent un certain nombre d’internationaux. Chez nous, on en a deux ou trois qui sont des internationaux chez les A.
Je pense également qu’on doit avoir plus d’expérience à des postes clés, notamment en attaque. On a des joueurs intéressants en attaque, mais qui sont assez jeunes et qui manquent d’expérience. Il nous faut un attaquant qui a fait ses preuves au niveau africain. Regardez les grands clubs en Europe, ils se battent tous pour avoir le buteur capable d’inscrire vingt-cinq à trente buts par saison. Voilà les axes de travail, heureusement je sais que le club est conscient de tout cela.
- Quelle est votre appréciation sur le niveau du football guinéen ?
Je dirai qu’il reste beaucoup à faire, parce que vous avez des terrains où l’on ne peut pratiquement pas jouer au football. Dans ce domaine, il y a un gros travail à faire, heureusement que Monsieur SOUARE s’attèle à ça. Si vous avez de bons terrains, forcément ça va développer votre football. Le jour où il y aura des terrains gazonnés ou synthétiques pour tous les clubs, ça va permettre au football guinéen d’exploser. La Guinée a la chance d’avoir de très bons joueurs, mais il reste à leur fournir le cadre idéal pour s’améliorer. Avec ça je suis certain, qu’il y aura ici de vrais champions.
- Sûrement un dernier mot pour finir ?
Merci à vous les journalistes qui faites un bon boulot à travers le site du HAC. Je précise que c’est un site qui nous permet d’avoir les informations qu’il faut, et ça c’est très important. Peu de clubs au Maghreb ont un site comme celui du HAC. C’est une véritable vitrine pour ce futur grand club. Je remercie également les dirigeants, les joueurs, et les supporteurs.
Et puis j’espère vraiment qu’on va terminer champion, pour atteindre les objectifs fixés par le président l’année prochaine, c’est-à-dire entrer dans la phase de poules en Ligue des Champions.